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Terre al’Danse : symbole de la politique de logement antisociale à Charleroi

Terre al’Danse : symbole de la politique de logement antisociale à Charleroi

Ce samedi 1er septembre nous avons été à la rencontre des habitants de la tour de logements sociaux du 53 rue Terre al’Danse à Charleroi sur invitation de certains d’entre eux. Cela fait longtemps qu’ils ont des réclamations sur la gestion et l’insalubrité de cette tour. Mais, depuis le 23 avril, l’ascenseur de cette tour de 6 étages et d’une vingtaine d’appartements est tout simplement hors-service pour réparation. Les conséquences sont énormes et désastreuses pour les occupants. Depuis plus de quatre mois, certains d’entre eux n’ont tout simplement plus pu sortir. Pour toute réponse les habitants n’ont eu jusqu’ici que du mépris des responsables politiques. Ceux-ci ne se sont même pas déplacés pour aller à leur rencontre. Pour le PTB, il s’agit d’une situation non seulement inacceptable, mais qui est aussi le symbole de l’ensemble de la politique de logement menée par la majorité actuelle. Voici un retour sur les faits, les témoignages et les pistes de solutions défendues par le parti de gauche. Sofie Merckx, conseillère communale du PTB, interpellera aussi ce lundi 3 septembre le collège à ce sujet.

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Une situation inhumaine

Essayez d’imaginer : un immeuble de logements sociaux vétuste, laissé depuis longtemps à moitié à l’abandon (voir les photos tout en bas) et dont l’unique ascenseur est en panne depuis quatre mois. C’est devenu un problème quotidien pour tous les habitants, notamment pour ces jeunes parents avec leur nouveau-né et leur poussette. Mais ce sont clairement pour les personnes âgées que c’est le plus dur. Au 6e et dernier étage, des habitants de deux appartements n’ont tout simplement plus pu sortir depuis 4 mois. Des personnes âges, octogénaires, véritablement coincées chez elles qui sont dépendantes de leurs connaissances et voisins pour tout : des courses à la descente des poubelles en passant par la promenade du chien. Sans la solidarité du voisinage, certaines personnes ne s’en sortirait probablement tout simplement pas. Et à côté du défi pour (sur)vivre au quotidien, il y a aussi les dégâts sur la vie sociale de ces locataires. Une personne âgée qui avait ainsi l’habitude d’avoir des activités quotidiennes n’a plus pu se rendre à celles-ci depuis quatre mois. Une autre dont la fille est handicapée n’a quasiment plus pu la voir depuis des mois.

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Pour les autres, cela limite fortement les mouvements et crée beaucoup de désagréments. Depuis quelques temps, les ouvriers du chantier ont tout simplement installé des chaises à chaque étage pour que les personnes âgées puissent se reposer entre chaque volée d’escaliers (voir photo). Et lorsqu’une dame du 6e étage a dû être hospitalisée, il a fallu la descendre par les escaliers en la portant à bout de bras. « La fin des travaux en septembre ? Oui, mais de quelle année ? ». Une solution rapide, il n’y a plus grand monde pour y croire dans l’immeuble après toutes les annonces déçues et reportées.

Comment cela n’a-t-il pas été anticipé ?

En janvier 2016, le magazine des locataires de la Sambrienne annonce pour la première fois les travaux pour la mise en conformité de 65 ascenseurs dont celui de la rue Terre al’Danse dans « le courant du 1er trimestre 2017 ». Un an et demi plus tard, le N°16 du même magazine de septembre 2017, annonce pour les entités de Charleroi (et donc de la tour rue Terre al’Danse), la « prolongation des travaux jusque fin décembre 2017 ». Le magazine précise « un médiateur social prendra les contacts nécessaires et fixera des rendez-vous avec les locataires en ce qui concerne l’information, la préparation et l’exécution des travaux. Il veillera à la parfaite information aux locataires par le biais d’affichages dans les immeubles au sujet du planning ». En réalité aucun contact direct n’a été pris avec les locataires, ni avant le début des travaux, ni même maintenant alors que ceux-ci sont en train de tourner à la catastrophe. Tout juste ont-ils reçu un courrier standard en janvier 2018 pour « porter à leur connaissance que les ascenseurs seront à l’arrêt du 02 avril au 08 juin 2018 » (voir ci-dessous). A nouveau un contact direct est promis par la Sambrienne, mais il n’arrivera jamais.

Le mépris comme seule réponse de la majorité actuelle

Il est en soi déjà incroyable et inacceptable que la Sambrienne n’ait pas anticipé les problèmes qu’une mise hors-service de deux mois allait causer aux occupants. Mais il est tout bonnement scandaleux que toujours rien n’ait été fait quatre mois plus tard. Depuis le début, la seule chose que les habitants voient ce sont les étiquettes collées et surcollées (voir photo) sur le papier dans le hall qui annoncent chaque fois le rapport de la date prévue pour la fin des travaux. Et les plus chanceux auront pu apercevoir Hicham Imane, le président de la Sambrienne et conseiller communal PS, qui est venu au bas de l’immeuble le jour où les médias sont venus filmer, mais il s’est bien gardé d’aller à la rencontre des locataires.

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Face au désastre, le même Hicham Imane a évoqué dans la presse, le 24 août, la possibilité de déménager pour certains habitants. « Il est bien gentil ce monsieur, mais comment veut-il qu’on déménage sans ascenseur ? », s’interroge une habitante. Une autre explique qu’elle l’avait envisagé dès le départ, demandant notamment la possibilité de déménager dans un appartement libre au 1er étage, mais qu’à la Sambrienne on lui avait répondu qu’elle ne pouvait éventuellement qu’aller vers Marcinelle ou Marchienne.

« A la presse, il a aussi dit qu’on allait être remboursé des charges, mais là non plus nous n’avons toujours eu aucune information », disent les habitants. « Et comme par hasard, on n’a pas encore vu Paul Magnette venir faire du porte-à-porte ici alors qu’il en fait dans tout Charleroi », fait remarquer une habitante.

« Il est temps qu’on fasse une vraie politique sociale de logement à Charleroi »

Ce genre d'épisode n'est malheureusement même pas exceptionnel. Pour le PTB, cette situation ne peut plus durer. Les responsables politiques doivent prendre des mesures immédiates :

- A la fois pour faire avancer les travaux et donner des garanties claires sur la fin de ceux-ci d’une part,

- Et d’autre part pour trouver des solutions pour les locataires avec :

  • Du personnel et des services de la ville à leur disposition, qui vont proactivement voir les besoins des locataires et trouvent des solutions pour limiter les désagréments
  • Un remboursement immédiat des charges, une diminution du loyer le temps des travaux et voir s'il ne faut pas prévoir un dédommagement.

Plus globalement, le PTB réclame un tournant radical dans la politique actuelle de la Ville en matière de logement. Au lieu d’investir des millions d’euros dans le centre-ville et les projets de luxe des promoteurs privés comme le fait Magnette et sa majorité, le PTB veut que la Ville fasse de l’entretien et du développement des logements sociaux une vraie priorité afin de répondre aux besoins des locataires actuels et des 4.000 personnes en attente d’un logement social. C’est tout le sens du notre programme à ce niveau pour les élections communales. « Des situations comme celle actuellement de la rue Terre al’Danse ne doivent plus pouvoir exister », conclut Sofie Merckx, conseillère communale du PTB qui était sur place et qui va interpeller le conseil communal ce lundi.

 

 

 

 

 

 

 

 

La rue Terre al’Danse, symbole d’un parc de logements sociaux laissé à moitié à l’abandon par la ville, voici quelques photos et témoignages faits par les habitants :

La porte d’entrée de l’immeuble qui ne ferme plus

La cave

La salle de bain d’un des locataires

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Le toit avec rats morts juste à côté de l’immeuble

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