En 2016 la majorité PS-MR-CDH a décidé d'instaurer le parking payant dans l'intra-ring à Charleroi. Officiellement, il s'agit d'une politique durable de mobilité dans l'intérêt des citoyens. Dans la réalité, il s'agit surtout de renflouer les caisses de la ville sur le dos des carolos et de poursuivre le projet de gentrification du bourgmestre Paul Magnette. Depuis le départ le PTB s'oppose à cette politique et exige une politique alternative de mobilité qui soit à la fois durable et sociale. Alors que les prix vont augmenter, que les zones vont être élargies et que les riverains sont également pris pour cible, le PTB relance une campagne pour faire reculer la majorité et forcer le débat sur une vraie politique de mobilité durable. Avec notamment la proposition de rendre gratuit les transports en communs pour tous les carolos.
La voiture, une solution par défaut pour de nombreux ménages
Au 21ème siècle, les solutions de mobilité ne passent évidemment pas par la voiture individuelle. Ou, plutôt, "ne devraient plus" passer par là. Car pour beaucoup de ménages, la voiture reste malgré tout incontournable : distances entre le domicile et le travail, horaires décalés, raisons de santé, famille qui habite loin, nombreux enfants, etc. Mais, au rayon des alternatives crédibles, on ne trouve malheureusement pas grand chose : les transports publics sont insuffisamment développés et les tarifs ne cessent d'augmenter. Victime des économies répétées à la SNCB, le réseau ferroviaire local est également insuffisamment développé. Et dans le grand Charleroi, on ne peut malheureusement pas faire beaucoup de trajets à pied.
L'écologie est un prétexte
Dans l'argumentaire officiel pour justifier les plans de stationnement payant, la ville explique qu'elle vise à « modérer l'usage de la voiture » et « d'encourager le recours aux transports en commun et à la mobilité douce ». Pourtant, vu qu'elle n'est pas couplée au développement d'alternatives, la politique du stationnement payant pratiquée depuis plusieurs années ne peut pas faire changer réellement les habitudes. Une partie du problème du stationnement se déplace juste aux abords des zones payantes, tandis que pour les autres c’est un coût supplémentaire pour les ménages qui finissent par adapter leur budget. C'est donc une politique inefficace par rapport à ses objectifs déclarés. Si l’objectif était réellement d’améliorer la mobilité ou la qualité de l’air, ces partis politiques (qui sont ou ont tous été au gouvernement également à la région) investiraient dans les transports en communs et n’auraient pas décidé d’augmenter les tarifs de la TEC. Ils n'auraient pas installé un grand centre commercial en plein milieu de la ville. Ils développeraient aussi de vraies pistes cyclables et d'autres alternatives au transport automobile.
Le vrai but : renflouer le budget
Si le but n'est pas de diminuer la pression automobile, alors quel est-il ? Ne cherchons pas la réponse trop loin. Les recettes de stationnement font gonfler les caisses de la communes (via la régie communale autonome) : de 1,7 en 2016 jusqu'à à 3,7 millions d'euros en 2017. Les amendes ont elles aussi explosé de 38.688 en 2016 à 70.760 en 2017. La ville s'est vantée encore tout récemment de son investissement dans une scan-car spéciale capable de scanner jusqu'à10.000 plaques par jour pour faire augmenter encore le nombre de contrôles et d'amendes. C’est un budget de plus en plus important que la commune a tout intérêt à continuer d’augmenter, sans pour autant améliorer réellement la mobilité.
Cette politique de stationnement payante de la ville est tout à fait anti-sociale
Il s’agit ni plus ni moins d’une taxe forfaitaire. C’est-à-dire que, quels que soient vos moyens, vous paierez le même prix pour vous garer. Pour certains qui ont les moyens, cela ne représente presque rien dans leur budget. Pour beaucoup de travailleurs et de gens qui ont des difficultés à finir les fins de mois cela représente potentiellement une vraie charge en plus. Cela n'est par exemple pas ressenti de la manière par un bourgmestre qui gagne 10.000€ bruts par mois ou par une travailleuse à temps-partiel en titre-service qui gagne 1.200€ bruts par mois. Cette mesure cadre en réalité tout à fait dans le plan de city-marketing et de gentrification de la ville porté par la majorité actuelle. L'espace public n'est plus considéré comme appartenant à tout le monde, mais il faut dorénavant payer pour pouvoir en disposer. Il est d'une certaine manière privatisé. Dans cette vision la ville devient un objet commercial à vendre à ceux qui en ont les moyens. Ce n'est pas pour rien que la politique de parking payant a d'ailleurs été instaurée au même moment où le centre commercial Rive Gauche a ouvert ses portes dans le centre-ville.
Les carolos vu toujours plus comme des vaches à lait
En attendant ce sont les carolos qui font les frais. La manière dont est développée la politique de stationnement à Charleroi démontre bien l'objectif réel de la ville, et on peut l'illustrer par 3 points :
La politique à l'égard des riverains : Alors qu'ils pourraient recevoir automatiquement une prolongation de leur carte de stationnement, la ville oblige les riverains à refaire des démarches chaque année. Pire encore, au lieu de leur rappeler l'arrivée à échéance, la ville les laisse volontairement dans l'ignorance1 et refuse de leur délivrer un renouvellement tant qu'ils n'ont pas payé les amendes éventuellement reçues.
Récemment encore une riveraine qui avait oublié de renouveler sa carte à temps s'est vu refusé ce renouvellement à la commune tant qu'elle ne s'était pas acquittée des 125€ d'amendes qu'elle s'était vu infligée entre-temps depuis l'expiration de sa carte.
Excepté si le but est aller chercher dans la poche de ceux qui oublient, il n'y a aucune raison de ne pas octroyer automatiquement la carte riverain aux habitants des zones concernées sur base de l'inscription à la commune. Le PTB exige cet octroi et renouvellement automatique.
L'augmentation de 150 % du prix de l'abonnement : la majorité a décidé de fixer le prix de l'abonnement à 120€/an jusqu'à la fin 2019. A partir de 2019, celui-ci passera à 300€/an. Soit une augmentation de 150 %. Pourquoi cette augmentation ? Est-ce lié au fait que 2018 et 2019 sont des années électorales ? Le PTB exige l'abandon de cette augmentation prévue.
L'élargissement de zones payantes : au nom des « effets de bord » (les gens qui vont se garer juste en dehors de la zone payante), la ville ne cesse d'élargir les zones payantes. C'est une logique sans fin. Elle a décidé récemment d'élargir les zones blanches (4h gratuites/4h payantes) notamment aux alentours de la gare de Charleroi-Sud, ce qui est un non-sens puisque cela décourage ceux qui voudraient prendre le train. La majorité parle maintenant de créer des nouvelles zones de parking payant autour des hôpitaux.
Le PTB exige que l'élargissement des zones payantes soit abandonné.
Le transport en commun gratuit comme alternative sociale et durable
Charleroi a besoin d'une alternative sociale et durable en termes de mobilité. La mobilité est un droit fondamental pour tous et toutes. Car sans mobilité, pas de participation à la vie sociale. Comment en effet peut-on travailler ou se détendre ou encore rencontrer des gens si on ne peut se déplacer ?
Des transports en commun bien développés et à prix abordables doivent être la colonne vertébrale de la politique de mobilité de la ville et de l’espace doit être créé pour les cyclistes et les piétons. Il faut développer des parkings de délestages gratuits, accessibles et qui relient efficacement et fréquemment le centre ville. Sans alternative, une politique de parking payant comme elle est développée actuellement ne peut être qu'injuste et inefficace. C'est pourquoi celle-ci doit donc être entièrement revue. La première chose à faire est commencer par garantir pour chaque carolo la possibilité de se déplacer de manière durable, en créant des incitants et avec notamment l'instauration de la gratuité des transports en commun comme cela existe dans 96 autres villes dans le monde, dont de nombreuses en Europe. Récemment Talinn, la capitale de l’Estonie a par exemple fait ce choix de la gratuité des transports en commun. A Charleroi, rendre les TEC gratuits pour tous les carolos, cela ne représenterait que 1,6 % du budget annuel de la ville.
Et pour tous ceux qui ont tout de même besoin de leur voiture il faut réfléchir à une politique intelligente avec par exemple, pour réduire le problème de stationnement en ville, les parkings des grands magasins, des entreprises et des services communaux qui doivent être accessibles aux riverains la nuit et le week-end.
Le PTB est convaincu qu'une autre politique de mobilité est nécessaire à Charleroi, une politique qui soit à la fois sociale et durable. C'est pourquoi nous nous mobilisons afin qu'un débat puisse être ouvert au niveau de la ville en impliquant les riverains, tous les habitants, les associations et les syndicats dans ce sens
Signer notre pétition et aidez-nous à la diffuser :: https://charleroi.ptb.be/petition_parking_payant
1L'article 18 §10 du règlement précise « L’Exploitant ne relance pas les titulaires quant à l’expiration prochaine de la validité de leur carte. Ceci est de leur responsabilité. Ils ne pourront en aucun cas se retourner vers l’Exploitant en cas d’oubli. La carte de stationnement ne fait en aucun cas l’objet d’une tacite reconduction » (souligné par nous)