L'emploi, un enjeu majeur
Charleroi a de nombreux défis à remplir et une des premières préoccupations des carolos, particulièrement les jeunes, c'est l'emploi. Ainsi, 20 % des répondants à notre enquête ont indiqué que la ville devait investir en priorité dans cette matière. Notre ville est en effet aux prises avec un gros problème d’emploi. C’est ainsi près d’un Carolo sur quatre qui est demandeur d’emploi. Nous avons un taux d’activité professionnelle inférieur à celui du Hainaut et de la Région Wallonne. Et c’est encore pire pour certains groupes cibles (jeunes, travailleurs peu qualifiés,...). De nombreux postes de travail ont encore disparu au cours des dernières années et le manque de vision des différentes majorités à Charleroi, notamment dans leur logique du “tout au privé”, n’a pas aidé la ville à se relever. La saga autour du site Caterpillar illustre malheureusement bien cette absence de vision en termes d’emploi à Charleroi. Annoncé à grand coup de communication, le plan CATCH devait permettre la création de 12.000 emplois. Au dernier recensement, en 2019, on n’en était qu’à 4000. On est donc loin du compte.
Vision
Charleroi est aux prises avec un gros problème d’emploi. A Charleroi, il y avait en mars 2023 près de 20.000 “demandeurs d’emploi inoccupés” d’après les chiffres du FOREM. Soit près d’une personne sur quatre. Un demandeur d’emploi sur trois a moins de 30 ans. Au sein de la tranche d’âge des 15-64 ans, qui représente la population active, il n’y a que 53,1% des personnes qui ont une activité professionnelle. Ce taux est inférieur aussi bien à celui de la province du Hainaut (61,4%) et qu’à celui de la Région Wallonne (65,7%).
Les chiffres sont encore pires pour certains « groupes cibles » : jeunes, travailleurs âgés, travailleurs peu ou pas qualifiés ou personnes issues de l’immigration. Ces dernières années, la situation ne s’est pas améliorée. Les Carolos ont dû faire face à la disparition de nombreux postes de travail (Media Markt et General Electric en 2021, Makro Lodelinsart en 2022 ou encore l’usine Amcor en 2023). Tout cela sans compter les restructurations en série dans le secteur de la grande distribution, avec les transformations de Carrefour Mestdagh en Intermarché ou encore les plans de franchisation de Delhaize, qui ont aussi touché notre région de plein fouet.
Outre ces catastrophes sociales, cette législature aura été marquée par la saga autour de la reprise du site de Caterpillar. Annoncée en pleine période électorale de 2018 comme une énorme opportunité pour la région, la venue de Thunder Power et ses 4000 emplois promis aura fait long feu. Idem quelques années plus tard pour le projet Legoland et ses 1500 emplois promis. Cette saga aura malheureusement démontré à quel point la politique des partis traditionnels du tout au privé ne marche pas. Il faut créer de l’emploi public et des entreprises publiques.
Au niveau fédéral et régional des mesures sont nécessaires d’une part pour empêcher ces grosses multinationales de jeter les travailleurs comme des mouchoirs jetables d’une part. Et d’autre part pour rediriger les immenses richesses créées par les travailleurs en Belgique vers des investissements dans les services publics et les besoins sociaux et environnementaux.
Au niveau communal également il faut prendre le temps de s’interroger sur les leviers que nous avons à notre disposition pour améliorer la situation. Nous pensons que les pouvoirs publics, y compris au niveau local, peuvent et doivent jouer un rôle essentiel pour garantir ce droit fondamental qu’est le droit à l’emploi et pour, dans le même temps, répondre aux besoins de la collectivité.
Ce que nous voulons
Un. Un master plan pour l’emploi
- Nous voulons un master plan pour l’emploi qui comprend un volet de renforcement des services publics et un volet sur la reconversion du site de Caterpillar
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Suite à la fermeture de Caterpillar en septembre 2016, un groupe d’experts a été mandaté par le Gouvernement wallon pour favoriser la reconversion du site. Le Plan CATCH a alors été développé, à grands coups de communication, autour d’un homme, Thomas Dermine. L’ambition était claire : 12.000 emplois, dont 8.000 emplois directs, allaient être créés. Au dernier recensement, alors que sa mission est terminée, nous n’en sommes qu’à 4.000. Nous sommes très loin du compte. Nous ne pouvons donc pas parler de réussite.
De plus, ce site a été victime d’une absence de vision claire et d’un empressement du gouvernement wallon, et du Parti Socialiste en particulier, à sauter sur toutes les occasions, même les plus obscures.
Ainsi, en 2018, en pleine période électorale, l’entreprise chinoise Thunder Power devait débarquer. « C’est chose faite ! » avait alors déclaré Paul Magnette. Après 2 années d’opacité complète, le projet est mort-né en 2020. La multinationale Merlin a alors pris ses renseignements pour transformer le site en Legoland. « C’est officiel, un grand parc ouvrira ses portes en 2027 ! » a communiqué le Bourgmestre. Il n’en sera rien.
« Le problème, c'est que la Wallonie est gérée par des cabinets ministériels et parfois par quelques personnes dans ces cabinets qui se retrouvent propulsées dans les outils de la gestion économique de la Wallonie. En gros, sur un coup de fil d'un ministre, les responsables de la SOGEPA débloquent 100 millions d'euros pour un projet qui n'existe pas. C'est un entre-soi. On peut ajouter que la plupart des personnes qui conseillent les ministres et qui se retrouvent ensuite à vie dans ces organismes publics, sont aux ordres des ministres, mais ils ont aussi tendance à se prendre pour des génies de la géopolitique industrielle » a ainsi justement déclaré un journaliste à la suite de ce nouveau fiasco. Notre ville a besoin d’une vision claire et structurée, pas de déclarations court-termistes à l’emporte-pièce.
Il y a, en effet, sur le site, la possibilité de développer des projets publics sûrs, comme dans le domaine de la transition énergétique, par exemple. Mais cela nécessite d’avoir des lignes directrices claires. C’est pour cela que nous mettrons sur pied un master plan pour l'emploi qui comprend un volet de renforcement des services publics et un volet sur la reconversion du site de Caterpillar.
Deux. Une ville à l’écoute de ses commerçants et ses maraîchers
- Nous luttons activement contre les cellules commerciales vides
- Nous plaçons au centre de la concertation les commerçants, les maraîchers et les restaurateurs pour toutes les décisions qui les concernent
- Nous mettons en place des structures en lien avec les commerçants qui leur permettrait, entre autres un octroi automatique des aides auxquelles ils ont droit, comme l’indemnité compensatoire pour cause de travaux sur la voie publique
- Nous augmentons la présence des stewards dans les rues du centre-ville
- Nous mettons en place une réelle politique fiscale centrée sur les grands centres commerciaux et les grandes surfaces de bureaux plutôt que sur les petits commerces
- Nous mettons fin à la politique désastreuse du parking payant en centre-ville
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Trois. Une ville qui aide les demandeurs d'emploi et lutte contre les discriminations
- Nous organisons des contrôles pour détecter les discriminations à l’emploi sur base de l'âge, de la religion, du sexe ou de l'origine
- Nous ouvrons un service d'aide à l'emploi qui aide aussi bien les demandeurs d'emploi dans leurs recherches que les jeunes pour des stages. Ce service soutient aussi toutes les personnes menacées de sanctions
- Dans les maisons de quartier, des demandeurs d'emploi pourront chercher un emploi. Un écrivain public pourra aussi aider à la rédaction de CV et autres documents
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Quatre. Tolérance zéro pour le dumping social
- Nous n’acceptons aucune forme de dumping social. Que ce soit de manière directe ou de manière indirecte via une pyramide de sous-traitants. Nous étendons la charte anti-dumping social à l’ensemble des chantiers qui ont lieu sur notre territoire. Nous n’acceptons aucune forme de dumping social. Que ce soit de manière directe ou de manière indirecte via une pyramide de sous-traitants
- Nous introduisons des marchés publics protégés afin que des entreprises d'économie sociale puissent effectuer des travaux dans la ville
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En 2021, sur le chantier du GHdC, deux ouvriers ukrainiens ont chuté d’un échafaudage, l’un d’eux y a trouvé la mort. Ces deux travailleurs étaient employés par une société polonaise sous-traitante d’un sous-traitant néerlandais de l’entreprise Jan De Nul, qui chapeaute ce chantier. Ce décès est une preuve de plus du danger du dumping social, avec des travailleurs qui sont mis en concurrence afin de brader leurs salaires et leurs conditions de travail (nombre indécent d'heures de travail, statuts difficilement vérifiables, mise en danger en termes de santé et de sécurité,...).
A la ville de Charleroi, notamment suite à la condamnation du chef de chantier de Rive Gauche en 2016 pour trafic d’êtres humains, le Collège avait décidé, en 2019, de se doter d’une clause sociale additionnelle aux marchés publics afin de lutter contre ce dumping social.
La boîte à outils rédigée en concertation avec notamment la Centrale Générale de la FGTB est claire à ce sujet : le secteur des travaux est l’un des plus sensibles à la fraude sociale et des règles doivent absolument être respectées comme le respect du paiement du salaire minimum, des conventions collectives de travail, du temps de travail, des conditions de logement, mais aussi, l’usage de la langue française sur le chantier ou encore la maîtrise et la surveillance des sous-traitants. Cela passe bien entendu par une intensification des contrôles des inspecteurs sociaux.
En effet, dans 70 à 80 % des chantiers contrôlés, l’inspection sociale constate des infractions. C’est pourquoi nous voulons notamment que les organisations syndicales soient entendues, que la Ville prenne des mesures contraignantes contre le dumping social pour tout chantier sur son territoire, qu’elle veille à étendre la charte de lutte contre le dumping social à l’ensemble des travaux entrepris sur son territoire et que les missions de contrôle de la police administrative soient amplifiées pour fournir des informations essentielles à l’inspection du travail.