Une ville qui tient compte des femmes
Nous voulons travailler à une société dans laquelle femmes et hommes sont égaux et où les femmes ne subissent pas de discriminations. Nous voulons que les femmes soient protégées du sexisme et de la violence. Nous voulons pour les femmes un accès équitable au marché du travail, sans différence de salaire ou de pension basée sur le genre. Nous voulons la suppression de la contrainte des rôles traditionnels, avec plus de temps et de place pour les femmes afin qu’elles s’épanouissent pleinement.Supprimer l’inégalité de genre est une question de choix de société dans de multiples aspects de la vie communautaire. La ville aussi doit faire ces choix.
Vision
La ville a un rôle à jouer dans la suppression de l’inégalité de genre et du sexisme. Pour endosser ce rôle, elle doit investir dans le tissu social. Elle doit s’attaquer au sexisme et à la violence envers les femmes, tant préventivement que par l’accueil de celles qui en sont victimes. Elle doit éliminer les discriminations.
Un tissu social solide est la condition pour que les femmes prennent part pleinement à la vie publique et au marché du travail. Des services publics forts prennent en charge les tâches qui, sinon, incombent à la famille, et surtout aux femmes.
Le sexisme et la violence envers les femmes sont au centre de l’actualité. Le mouvement sous le signe de #MeToo a mis en évidence combien ce problème est ancré dans la société. Il apparaît chez les personnes de tous horizons et de tout statut social. Pour s’attaquer au sexisme et à la violence envers les femmes, il faut miser sur la prévention et travailler à changer les mentalités en général. Et cela, dès l’enfance. C’est pourquoi une éducation sexuelle et relationnelle à grande échelle à l’école est si importante.
La ville doit aussi travailler à améliorer la qualité des garderies et de l’aide aux victimes de violences de genre.
Les violences conjugales représentent plus de 30 % des demandes d’aide au centre d’aide aux victimes à Charleroi. C’est la première raison des consultations. Elles sont suivies par les violences intrafamiliales à 11% et les violences sexuelles à 9%.
Aujourd’hui à Charleroi, plus aucun poste de police n'est ouvert la nuit en semaine. Pourtant la violence conjugale était souvent une des raisons pour lesquelles les gens venaient la nuit. Des organisations travaillant avec les femmes victimes de violence, telles que la Maison plurielle, reçoivent moins d’aide financière. L’hébergement temporaire des femmes en difficulté est bondé. La ville doit veiller à ce que l’aide et l’accueil soient accessibles et de qualité, et d’une capacité suffisante.
Ce que nous voulons
Un. Nous investissons dans la prévention de la violence envers les femmes
- Nous voulons plus miser sur l’éducation sexuelle et relationnelle à l’école. La prévention du sexisme et de la violence envers les femmes commence à un jeune âge.
- La ville doit véhiculer une culture favorable aux femmes. Elle ne donne aucun soutien à des projets qui portent atteinte à l’intégrité des femmes. Elle bannit la publicité sexiste du paysage urbain.
- Nous augmentons la sécurité des femmes dans l’espace public en éclairant les rues et les parcs. Nous veillons à ce que les « zones vides » soient éliminées des nouveaux projets immobiliers.
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C’est par une prévention vaste et adéquate que nous attaquons le problème à la racine. Car il faut un changement de mentalité et parce que le problème est largement répandu dans la société. La prévention commence dès l’enfance, en donnant la priorité à une éducation sexuelle et relationnelle dans l’enseignement. La ville doit s’engager à ce que ses écoles aient à leur disposition suffisamment de moyens pour mettre en œuvre des projets d’éducation sexuelle et relationnelle à long terme et à l’échelle de toute l’école.
La ville ne peut pas soutenir des projets qui portent atteinte à l’intégrité des femmes. Elle devrait bannir de ses rues la réclame sexiste. Stockholm, Paris, Londres et Genève se sont engagées à bannir de leurs rues la publicité sexiste. Charleroi peut suivre leur exemple.
L’espace public est destiné aux femmes aussi. Mais pour pouvoir se sentir en sécurité, il faut un bon éclairage des stations de métro, des parkings souterrains, des parcs, etc. C’est un devoir pour la ville. Dans l’élaboration de nouveaux projets immobiliers, il faut éliminer les « zones vides », où habitent peu de gens et où il y a peu de contrôle social.
À Charleroi, l’espace public urbain reste problématique pour nombre de jeunes femmes. C’est la conclusion d’une expérience menée par la JOC et Taboo, qui ont sillonné les rues de Charleroi ainsi que les nouveaux espaces publics créés depuis les rénovations.
Deux. Nous investissons dans l’aide accordée aux femmes victimes de violence ou de sexisme
- Nous renforçons l’équipe du centre multidisciplinaire de prise en charge des victimes de violences sexuelles (ZSG/CPVS) de Charleroi
- Nous appliquons la convention d’Istanbul en organisant une aide spécifique pour les femmes victimes de violence
- Nous sommes pour des postes de police d’accès aisément accessibles et aussi ouverts la nuit
- Nous veillons à l’accueil des victimes de violences par un personnel policier averti et mettons au premier rang de nos priorités la lutte contre les violences conjugales
- Nous libérons plus de fonds pour l’accueil des femmes, notamment au sein des refuges
- Nous adoptons un code de conduite en tant que ville et plaçons dans tous les services municipaux une personne de confiance
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Les victimes de violence et de sexisme ont droit à une aide de qualité abordable. Après les témoignages de #MeToo, le gouvernement a décidé d’ouvrir trois centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles, auxquels les victimes peuvent s’adresser pour un secours médical et psychologique, une enquête médico-légale, le dépôt d’une plainte et son suivi. Une bonne initiative, mais dix centres pour toute la Belgique, c’est insuffisant. Pas étonnant qu’ils connaissent un afflux plus important que ce qu’on attendait. C’est pourquoi nous en demandons un dans chaque grande ville. De plus, pour faire face au grand nombre de demandes, nous demandons que le personnel et les moyens du CPVS de Charleroi soient renforcés.
La plupart des femmes victimes de violences ne les dénoncent pas à la police. Elles hésitent souvent par crainte de ne pas pouvoir raconter ce qui s’est passé. Le personnel de l’accueil des victimes doit donc recevoir une formation spécifique. La proximité d’un poste de police joue aussi un rôle. C’est pourquoi nous demandons la réouverture des postes de quartier de la police locale qui ont été fermés. Le taux élevé des violences conjugales reste préoccupant et doit être pour la police une priorité.
À Charleroi existe depuis 2009 la Maison Plurielle. C’est une asbl qui fait un travail autour de la violence du genre sous toutes ses formes. Elle travaille aussi bien de manière préventive que dans l’accompagnement des victimes. Charleroi fut pionnière à cet égard. Mais la ville a diminué ses subsides liés à l’aide aux victimes de violence. Ceci a mis dans une situation financière pénible cette asbl, mais c’est aussi en contradiction avec la convention d'IStanbul qui stipule qu’une aide spécifique pour les femmes victimes de violence doit être organisée.
Nous appliquerons la convention d’Istanbul. Les refuges sont un besoin vital pour les femmes qui veulent échapper à une situation de violence. Il ne peut pas y avoir de manque de place à ce moment-là. La ville doit libérer plus de moyens pour l’accueil des femmes et prévoir plus de places d’accueil.
Trois. Pas de discrimination envers les femmes
- Nous accordons une aide financière aux ASBL locales qui font un travail de fond avec les femmes
- Nous prévoyons des toilettes publiques gratuites
- Nous prévoyons des espaces de soins où changer et nourrir les bébés et nourrissons
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Une ville qui tient compte des femmes favorise l’égalité et l’applique sur son propre terrain. Notamment par la représentation égale de femmes et d’hommes, au moyen de quotas, dans les conseils d’administration et les intercommunales et les collèges des bourgmestres et échevins.
Les ASBL locales travaillent avec les femmes à la lutte contre la discrimination, à la prévention de la violence et du sexisme, à l’accueil des victimes, etc. Elles ont un rôle important d’émancipation. La ville doit mettre ce rôle en valeur. Ces ASBL aussi ont besoin de plus de moyens pour remplir leur rôle.
Ceux qui doivent se soulager d’urgence ne peuvent s’adresser bien souvent qu’à l’horeca ou à des magasins. On doit alors payer pour aller aux toilettes. Il y a trop peu de toilettes publiques, et surtout pour les femmes.
Celle qui va en ville avec un bébé ou un nourrisson n’a pas beaucoup de possibilités pour le changer ou le nourrir. Où réchauffer un biberon ou une panade ? Où donner le sein tranquillement ? Allaiter est un fait naturel qui doit être possible partout dans l’espace public. Mais en plus, des espaces réservés à l’allaitement peuvent être utiles pour les mères qui veulent nourrir leur enfant en toute tranquillité.
Quatre. Donner du temps pour la mère mais aussi pour la femme
- Nous étendons l’offre de crèches publiques
- Nous maintenons la gratuité de l’accueil extrascolaire dans les écoles primaires
- Nous élargissons les plaines de jeux pendant les congés scolaires
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Les femmes continuent toujours à assumer la plupart des obligations de soins. Des services publics forts et de qualité soulagent les familles et les femmes.En 2013, la ville avait drastiquement augmenté les tarifs de garderie avec une chute terrible dans la fréquentation comme conséquence. En 2016, après de multiples interventions du PTB sur le sujet, la ville a rendu les garderies gratuites avec un énorme succès à la clé. Nous gardons cette gratuité. Nous veillons aussi à augmenter l’offre de crèches publiques et à élargir les plaines de jeux de la ville car ils affichent complet. Nous veillons à une offre abordable en activités extrascolaires.
Cinq. L’égalité sur le marché du travail
- Nous éliminons l’écart salarial dans les entreprises et services de la ville. Nous créons une commission chargée de la surveillance, qui tient compte de tous les facteurs renforçant le clivage au-delà des différents services municipaux et qui peut les combattre
- Nous offrons le moins possible de temps partiels à la ville. En cas de nouveaux postes vacants, il faut d’abord veiller à augmenter le nombre d’heures des travailleurs qui sont déjà en poste
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La Ville est un employeur important et emploie beaucoup de femmes. Souvent, ce sont les femmes qui se trouvent à travailler à temps partiel. Ce sont elles que l’on retrouve le plus dans le nettoyage et les garderies par exemple. Ce n’est pas toujours par choix. L'idéal pour lutter contre l’écart salarial est de privilégier l’engagement à temps plein. Nous voulons que la Ville propose le plus possible des contrats à temps plein et lorsque de nouvelles places vacantes sont ouvertes, les travailleurs qui désirent augmenter leur nombre d’heures auront la priorité. Il faut que la Ville élimine activement l’écart salarial dans tous ses services. Elle peut créer pour cela une commission de contrôle.
Six. Le droit à l’avortement
- Nous donnons plus d’aide financière aux centres d’avortement
- Nous créons un fonds de soutien aux femmes en situation financière précaire pour qu’elles puissent payer un avortement
- Nous faisons mieux connaître les lieux où l’avortement est pratiqué à Charleroi, ainsi que le processus de demande pour une IVG. De la première prise de contact aux consultations de suivi avec l'aide de professionnels qualifiés, et ce, afin que l'ensemble de la démarche se déroule dans les meilleures conditions possibles (dans le respect des décisions des femmes et sans jugement)
- Nous voulons faire connaître à un plus grand nombre de femmes la pilule du lendemain (pilule contraceptive d’urgence) gratuite dans les centres de plannings familiaux et faciliter l’obtention d’informations sur les autres moyens de contraceptions (préservatif, implant…)
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Le choix de devenir mère ou non est un des droits d’autodétermination des femmes. Il appartient à chaque femme de déterminer ce qui arrivera à son corps. Ce droit est opprimé dans le monde entier. En Belgique non plus, il n’est pas totalement acquis. L’avortement est encore et toujours présent dans le droit pénal. Pourtant, l’avortement n’est pas un crime, mais un traitement médical. La ville peut contribuer à ce droit d’autodétermination en soutenant des centres d’avortement. Elle peut aussi créer un fonds pour les femmes en situation précaire, pour avancer l’argent d’un avortement. Oui, des femmes en situation financière difficile peuvent frapper à la porte du CPAS pour prendre rendez-vous pour un avortement. Mais il y a d’abord une vaste enquête sociale et cela prend du temps. Parfois trop de temps, de sorte que ces femmes dépassent le délai légal pour pouvoir pratiquer un avortement.