Parking payant à Charleroi : Une taxe injuste et inefficace
13 October 2021
Début juin, nous lancions notre pétition contre le parking payant. Plus de 1000 signatures en un mois. La revendication est légitime et les gens le savent bien. En effet, le parking payant est une taxe supplémentaire qui ne dit pas son nom. Dans le même temps, on voit que le coût de la vie ne cesse déjà d’augmenter et que c’est difficile pour beaucoup de gens de joindre les deux bouts. En plus, cette taxe ne résout aucun problème de mobilité. Après plusieurs interventions au Conseil Communal de Pauline Boninsegna, cheffe du groupe PTB Charleroi, la majorité a sorti une série d’arguments en faveur du parking payant. Nous analysons ci-dessous ceux-ci.
Au fil des années, le parking payant va voir son prix augmenter et sa zone s’étendre.
En instaurant le parking payant à Charleroi, la majorité a lancé un processus qui rend l’accès à la Ville de plus en plus cher et donc inaccessible pour certains. En 2018, la majorité PS/MR/CDH a étendu pour la première fois la zone payante. À l’époque il était également question d’augmenter l’abonnement de 120 à 300€. Mesure qui n’est pas passée grâce à la pression populaire, mais que la majorité garde sous le coude.
La mesure de 2018 n’a pas rencontré les objectifs visés. Il manque toujours de place à Charleroi et la circulation reste problématique. La majorité PS/ECOLOC/C+ a alors décidé d’augmenter le prix et d’étendre encore la zone payante pour 2022. Il est à parier que dans peu de temps, ils verront que cette augmentation n’a rien résolu et ils décideront d’encore augmenter. C’est un cercle vicieux dont les travailleurs, riverains et visiteurs de Charleroi sont victimes. Les commerçants sont aussi victime de cette mesure. Les visiteurs sont amenés à rester le moins longtemps possible en Ville ou carrément à se diriger vers des solutions de shopping où le parking sera gratuit. Pour preuve que c’est inefficace, la majorité a décidé de lancer un observatoire pour comprendre d’où viennent les voitures et comment gérer ça.
Des communes comme Schaerbeek à Bruxelles ont vu les plages de parking payant étendues jusqu’à 21h et le prix est aujourd’hui de 2€/heure quel que soit le quartier. Les Schaerbeekois ne se sont pas laissés faire et les autorités sont revenues en partie sur cette décision suite aux mobilisations des riverains[1].
La majorité pense résoudre le problème de mobilité à Charleroi via ce parking payant, mais ça ne fonctionne pas. Ils ne comprennent pas ce qu’il se passe à Charleroi, mais ils augmentent le prix du parking payant et ils l’augmentent, c’est absurde. Les travailleurs, par exemple, n’ont souvent pas le choix que de venir à Charleroi en voiture. Pourtant, l’argument principale de la majorité, c’est de combattre avec le parking payant les « voitures ventouses ». Ce sont des voitures qui arrivent le matin et repartent en fin de journée. En gros, ce sont les travailleurs. Au même moment, l’investissement dans les transports en commun fait défaut. Le BHNS est un élément positif, mais qui pose de nombreuses questions aussi et ne répond pas aux besoins prioritaires.
Le parking à Charleroi est l’un des plus cher de Wallonie.
Le bourgmestre, Paul Magnette, argumente de son côté que le parking payant existe à Charleroi : « car toutes les villes le font ». L’auteur du livre « La gauche ne meurt jamais » capitule décidément bien facilement. Il ajoute que « parmi les grandes villes de Wallonie, Charleroi était celle qui proposait le parking au coût le plus abordable : La présenter comme agressive sur le plan tarifaire est dès lors incorrect ».
Rien n’est moins vrai. Si on regarde au niveau des autres villes wallonnes, on voit que Charleroi est au mieux dans la moyenne, au pire plus chère que les autres villes.
Ville |
Tarif |
Liège (Ville) |
3,6€ (2h) pour la zone la plus chère. |
Charleroi |
3,5€ (2h) pour la zone la plus chère. |
Tournai |
3,5€ (2h) pour la zone la plus chère. |
La Louvière |
2,4€ (2h) pour la zone la plus chère. |
Mons |
2,25€ (2h) pour la zone la plus chère. |
Nivelles |
2€ (2h) en zone rouge |
Par ailleurs, s’il y a bien un business qui fonctionne à Charleroi, c’est le business des amendes. 40 amendes sont mises chaque heure à Charleroi pour défaut de tickets de stationnement. On compte 10% d’amendes erronées. Ces 10% représentent 250.000 € de pertes à la RCA mais laissent un plantureux 2.250.000 € de recettes annuelles rien qu’avec le montant des amendes. Le parking payant carolo a coûté en 2019 un total de 5.000.000€ (amendes, abonnement et tickets compris) à la population.
Nous avons récolté plusieurs témoignages de riverains qui recevaient des amendes injustes. Comme une kiné qui a reçu une amende de 25€ alors qu'elle déposait des papiers à ses patients avec ses 4 feux allumés. Ou encore cette commerçante qui a reçu pour des milliers d’euros d’amendes pour les moments où elle déchargeait de sa camionnette.
Chasser les travailleurs du Centre-Ville au nom de l’écologie.
Le climat est en bien mauvais état. Il est plus que temps de mettre en place une politique sociale et ambitieuse. Notamment à l’échelle de Charleroi. Mais la majorité a trompé les carolos lorsqu’elle faisait croire qu’il y avait un lien entre parking payant et écologie.
Le parking payant fête ses 5 ans à Charleroi. Cette mesure a été initialement prise pour dissuader les riverains de prendre leurs voitures pour venir en centre-ville et lutter contre la pollution. Aujourd’hui, le raisonnement est bien plus terre à terre et n’a plus rien d’écologique malgré que le dossier soit porté par Xavier Desgain, échevin Ecolo.
À l’heure actuelle, la Ville de Charleroi ne dispose pas d’assez de places de parkings pour accueillir tous les travailleurs qui viennent en centre-ville, en plus des clients de commerces et cafés et des riverains. Le nombre de places de parking n’a cessé de diminuer ces dernières années. La majorité propose de faire « tourner » les voitures pour pousser chacun à se garer le moins longtemps possible. L’échevin Ecolo en charge de la Mobilité, Xavier Desgain, a même rappelé lors du conseil communal du 5 juillet que « dix emplacements offerts sans limitation de durée, ce sont potentiellement dix emplacements occupés par la même voiture de 9 heures à 17 heures. En plafonnant la gratuité à 30 minutes, on se donne les moyens d’accueillir seize fois plus d’usagers durant la même période ». En d’autres termes, il ne veut plus que les travailleurs se garent en ville, mais il ne développe pas d’alternatives sérieuses.
Le projet de la majorité est de garder les travailleurs hors de la Ville et de stimuler les visiteurs à rester peu de temps à Charleroi pour que les places de parking puissent être utilisés par un maximum d’utilisateurs chaque jour. Ce projet n’a rien d’écologique.
Charleroi doit être à la pointe du progrès social et écologique via une mobilité alternative.
Il ne faut pas appliquer à Charleroi les mêmes formules qu’aux autres villes. Nous refusons que Charleroi applique le parking payant car « toutes les villes le font ». Au contraire, nous voulons que Charleroi soit la Ville de demain via une politique sociale et écologique ambitieuse.
La priorité est actuellement mise sur la sanction économique des automobilistes. Pour nous, la priorité doit être mise sur le développement d’alternatives qui permettent aux gens de se déplacer facilement et gratuitement en ville. Nous devons travailler sur trois axes :
- Il faut effectuer de grands investissements dans les transports en commun carolos et dans les parkings de délestage. Les structures et moyens de transports doivent être plus sécurisés et plus accueillants. L’offre doit augmenter et être étendue. Que vous soyez gillicien ou gosselien, vous devez pouvoir vous déplacer facilement à Charleroi. A Dunkerque, ils ont choisi d’investir dans leur réseau et de répondre aux besoins de la population. Pour ce faire, ils ont abandonné un projet blingbling de 180 millions et ont utilisé cet argent pour ces investissements. C’est une question de choix politique. L’investissement dans les transports en commun doit être combiné avec l’investissement dans davantage de parkings de délestage sécurisés.
- Les transports en commun doivent être gratuits. En même temps qu’on investit dans les transports en commun, il faut y attirer la population. Dunkerque nous montre qu’en les rendant gratuits, il y a eu un « choc psychologique ». De nombreuses personnes ont commencé à les fréquenter. Ça a également attiré plus de visiteurs dans la ville. Ce qui a eu des répercussions économiques positives. La gratuité a aussi permis à tous les citoyens, mêmes les plus précarisés, de se déplacer facilement.
- Le parking doit être gratuit. Il faut arrêter de sanctionner les citoyens. Pour que des automobilistes décident de laisser à certains moments leurs voitures chez eux, il faut développer des alternatives attirantes. Une sanction ne change rien à la mobilité car ils n’ont souvent pas le choix que de venir à Charleroi. Et pour les visiteurs, ça les éloigne alors de Charleroi.
Pour plus d'informations : https://www.ptb.be/la_gratuit_des_transports_en_commun_est_non_seulement_n_cessaire_mais_aussi_possible_voici_pourquoi