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"Avec le PTB, nous voulons un vrai changement pour Charleroi. Un changement radical"

Ce 30 septembre, le PTB tenait son grand meeting électoral à Charleroi. Plusieurs centaines de membres, curieux et sympathisants se sont rassemblés pour écouter Raoul Hedebouw, le porte parole national du PTB, mais aussi différents candidats aux élections communales ainsi que des acteurs des différentes luttes sociales ayant secoué la région ces derniers mois. Avant de laisser place à la fête avec le concert d'Andy Kirk, Sofie Merckx, tête de liste du PTB aux élections communales, a tenu un discours pour fixer les objectifs et les enjeux du 14 octobre à Charleroi. L'occasion également de rendre hommage à tous les carolos qui luttent quotidiennement pour reconquérir la ville, ainsi que de dresser un bilan concret du travail de la dernière majorité et de proposer des alternatives. Voici le discours dans son intégralité.

« Cher amis, chers camarades,

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la campagne électorale qui nous concerne, ici, à Charleroi, est loin d’être « bon enfant ». Coups bas, machisme, insultes, tout est permis. Selon Paul Magnette, le PTB raconte des « carabistouilles » et des mensonges. Nous ne connaîtrions même pas les chiffres.

Mais ce n’est pas tout. Magnette l’a annoncé en grande pompe dans la presse, à grands renforts de vidéos « sponsorisées » sur Facebook : le PTB, s’il arrive au pouvoir, va taxer les ménages à hauteur de 2000€ par an. Quel culot ! Est-ce la campagne qui lui monte à la tête, pour qu’il oublie que c’est sa majorité qui a augmenté l’IPP ? Est-ce le PTB qui a augmenté la taxe poubelle ? Qui, à Charleroi, a augmenté les tarifs des plaines de jeux et des piscines ? C’est bien la coalition emmenée par Paul Magnette.

Ici, chers camarades, je sais que personne ne me coupera la parole, contrairement à ce qu’ont fait les représentants des partis traditionnels lors des derniers débats publics. Je vais donc répondre à ces accusations. Ici, je sais que personne ne tentera de vous faire croire que je ne connais pas Charleroi en me demandant quelle est la profondeur, la largeur ou le débit de la Sambre. Moi, qui suis Carolo depuis 20 ans, je ne connaîtrais pas Charleroi ? C’est sûr que lui et moi, nous ne connaissons pas la même ville. Au PTB, nous connaissons le Charleroi de cette maman qui attend un logement social. De ces ouvriers de la ville qui souffrent de l’austérité au jour le jour. De cette mamie qui n’a pas les moyens de payer ses médicaments, sous peine de ne pas pouvoir régler la facture d’énergie. De ces locataires qui, vous êtes au courant, vivent dans leur immeuble sans ascenseur. Est-ce donc cela, la « fierté retrouvée » ? Les milliers de familles qui attendent un logement social ? Est-ce une fierté de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur trois ? De voir que plus de 900 fois on refuse un sans-abris par manque d’hébergement ?

Au PTB, nous voyons la fierté dans l’autre camp. Dans le camp des milliers de fonctionnaires de la ville, du CPAS et des intercommunales qui se démènent quotidiennement pour offrir un service de qualité aux habitants, malgré les restrictions, malgré le manque de personnel, et qui se sont mobilisés à des dizaines de conseils communaux. Dans le camp des travailleurs de Ryanair. Dans le camp des habitants de Gilly, qui se battent pour que les carolos, en particulier les enfants, aient le droit d’aller à la piscine. Dans le camp des habitants de Montignies qui, depuis 5 ans, sont en lutte pour leur maison de quartier. Dans les camps des ouvriers de Caterpillar qui n’ont rien lâché pour que le terrain soit cédé pour un euro symbolique. Dans le camp des sidérurgistes qui réclament la sauvegarde du Haut Fourneau. Dans le camp des Jumetois demandant un musée du folklore. Ce sont eux qui font la fierté de Charleroi, eux et les comités de parents qui se mobilisent, les gens qui s’investissent dans la création de vergers et de jardins collectifs, ceux qui se bougent pour la mobilité douce, et j’en passe. Et, bien sûr, ceux qui ne sont pas là à ce meeting parce qu’ils sont en train de manifester, en ce moment même, contre le projet de centre fermé de Jumet. Ça, c’est Charleroi : la ville la plus combative, la ville dont nous pouvons toutes et tous être fiers !

La campagne est très loin d’être « bon enfant », effectivement. Beaucoup me l’ont dit ces derniers jours, comme Roberto, ancien syndicaliste chez Caterpillar et 4ème candidat sur nos listes communales. « S’ils ont l’air si nerveux, c’est qu’on est dans le bon ». Il faut dire que Roberto a l’habitude des combats. C’est aussi ça, la richesse des membres du PTB. Et c’est vrai que certains ont de quoi avoir peur.  Avec le PTB, nous voulons un vrai changement pour Charleroi, un changement radical. Nous ne voulons pas d’une ville qui concentre tout dans le centre et qui joue le jeu de la concurrence. Cette fameuse concurrence que la majorité invoque à tort et à travers. « Il faut investir des millions d’argent public dans la marina, sinon elle va partir à Mons ou à Namur ». « Il faut un palais des congrès à Charleroi, car Mons, Namur et Liège en ont déjà un ». Mais lorsqu’il s’agit d’investissements pour répondre aux besoins de la population, il n’y a plus personne. Pourquoi ? A cause de cette course effrénée pour attirer des investisseurs privés qui, eux, ne pensent qu’à faire rentabiliser leur capital. C’est comme ça qu’on investit des millions d’argent public, notre argent, celui de nos impôt, pour accentuer les clivages plutôt que pour répondre à nos besoins. D’ici 2020, on aura investi 200 millions d’euros d’argent public dans le seul centre-ville. Cette logique, que le PS, le MR et le CDH appliquent à merveille, c’est contre cela que nous nous battons.

La campagne électorale du PTB a commencé il y a plus d'un an. Depuis lors, nous avons, entre autres, fait une grande enquête auprès de 3000 Carolos pour connaître leurs préoccupations. Ces 3000 réponses, nous les avons analysées en profondeur. Aucun autre parti politique n’a, dans l’histoire de Charleroi, fait un tel exercice. Dans cette enquête, nous avons posé la question suivante : « Voulez-vous qu’il y ait 25% de logements sociaux afin de répondre aux besoins des 4000 personnes placées sur liste d’attente ». Plus de 74% des sondés ont répondu oui. Nous l’avons donc inscrit dans notre programme. Aurions-nous dû ne pas le mettre, de peur que cela ne soit pas assez réaliste aux yeux des Magnette et consorts ? Ou parce que ce n’est pas prévu dans les budgets actuels de la région Wallonne dans ce domaine ?

Nous n'avons jamais dit aux gens :  « votez pour nous et on «arrange» ça ». Nous avons toujours été clairs : « engagez-vous à nos côtés, et nous nous battrons ensemble pour mettre en place ces idées ».  Mais ce que nous proposons est réaliste. Réaliste et nécessaire. Le secteur public est la seule solution pour répondre à la crise du logement.

En effet, Charleroi a diminué le nombre de logements sociaux. On m’accuse de mentir quand je dis ça, alors j'ai refait mes calculs. Et c’est vrai, entre 2013 et 2017 le nombre de logements n'a pas diminué de 400 comme je l'avais expliqué. Il a diminué de 500 ! La majorité actuelle a fait le pari du privé pour résoudre la crise du logement. Mais le privé n’a pas pour vocation de résoudre ce genre de problème. Pas avec des prix, par exemple, de 1000 euros par mois pour un appartement de 2 chambres. Pas avec le promoteur Matexi, qui vend des maisons 3 chambres à 223 000 euros.  223 000 euros ! Il faut les sortir, quand même. Ce ne sont pas les promoteurs qui, de leur initiative, vont construire des logements abordables.

Alors que, de l’autre côté, construire plus de logements sociaux, en plus d’offrir une vie digne aux gens placés sur liste d’attente, permet d’influencer les prix sur le marché privé en mettant une pression vers le bas. Cela offre, en plus, la possibilité de loger tout un chacun tout au long de la vie, même après avoir trouvé un job. De cette manière, lorsqu’on a davantage de moyens et qu’on paie un loyer plus élevé, car c’est comme ça que fonctionne le logement social, on permet au modèle d’être viable financièrement. Il faut arrêter le cercle vicieux qui fait que les bénéfices sont toujours pour le privé et les charges pour le public. Il faut rentrer dans un nouveau cercle vertueux. Nous proposons donc que soit imposée aux promoteurs, dans les charges d’urbanisme, l’obligation de construire un tiers de logements sociaux dans les nouveaux lotissements (et il y en a beaucoup, pour le moment). « Mais cela ne ferait-il pas fuir les investisseurs ? », me rétorque-t-on. Ils ne deviendront pas pauvres, non. Mais c’est vrai que leurs marges bénéficiaires risquent de se réduire un peu. C’est le choix que nous proposons de faire : réduire un peu les bénéfices des promoteurs immobiliers pour permettre aux gens de se loger dignement.

C'est la même chose pour les TEC gratuits. Aujourd'hui 84 % des déplacements se font en voiture à Charleroi . Si nous voulons répondre au défi de la mobilité aussi bien sur un plan social que sur le plan écologique, il est temps de prendre des mesures fortes. Quand je vois l’enthousiasme que cela suscite à Dunkerque, je me dis que, là aussi, un cercle vertueux est possible. Plus de 50% de personnes en plus qui prennent le bus ! Une femme qui explique qu'elle pourra désormais aller plus souvent voir sa petite fille ! Nous pourrions, avec cette mesure, aussi faire revivre la ville haute où les commerçants souffrent de l’instauration du parking payant.

6,5 millions d’euros. Moins de 2% du budget annuel de la ville de Charleroi. C’est le prix de cette mesure. 50 millions ont été prévus pour le bus à haut niveau de service, ne pourrions-nous pas plutôt utiliser cet argent pour enclencher un mouvement vers la gratuité des TEC ? Pourquoi ce qui est possible à Dunkerque ne serait-il pas possible à Charleroi ?

Dans le passé, nous avons d'ailleurs déjà fait bouger les lignes. Quand, en 2013, on a haussé les tarifs de garderie dans les écoles, nous l'avons dénoncé. Contre la hausse, nous avons demandé la gratuité pure et simple de ce service. Mais c’était impossible ! Cela dépendant d’un autre niveau de pouvoir, nous répondait-on. Néanmoins, la pression de l'associatif, des mouvements pour le droit des femmes, des parents et du ptb ont obtenu gain de cause. Aujourd’hui, les garderies sont gratuites. L'idée des transports en commun gratuits fait aussi son chemin. Nous l'avons mise sur la table depuis plusieurs mois maintenant, et la « plate-forme mobilité » la met également en avant comme une revendication. Et, alors que c’était soit disant impossible, Magnette commence maintenant à l’envisager pour les 12-18 ans. Là aussi, les lignes bougent.

Alors, est-ce que le PTB va imposer des taxes ? Ça dépend pour qui. Aujourd’hui, ce sont les petits qui payent et les gros sont chouchoutés à coups de cadeaux payés avec l’argent public. C’est la logique libérale à l’état pur. Nous défendons l’exact inverse. Sur le plan fiscal nous avons mis plusieurs propositions sur la table pour que les charges soient portées par les épaules les plus larges. Comment est-ce possible, à l’heure actuelle, qu’on ne taxe pas le nouveau centre commercial ? Nous proposons une taxe sur les surfaces commerciales à partir de 400 m² de commerce, afin de ne pas toucher les petits indépendants.

Mais il est évident qu'il va falloir aussi se battre aussi pour que les villes soient financées à hauteur de leurs besoins. Bien souvent, les partis qui se plaignent de l'austérité sur les villes sont en réalité totalement responsable de cette situation, puisqu’ils exercent le pouvoir aux niveaux supérieurs. En 2006 Charleroi avait 4782 bénéficiaires du CPAS. En 2018, ce sont 7254 personnes, soit une hausse de 50 % à la charge de la commune ! Et quels sont les partis qui ont voté la chasse aux chômeurs ? Oui, les mêmes partis qui sont à la direction de la Ville de Charleroi depuis des années.

On nous a aussi reproché de vouloir diviser le salaire du bourgmestre par deux. Non, ce n’est pas une mesure « gadget pour surfer sur l’antipolitisme », mais bien une question d’éthique fondamentale. Nous pensons que les élus devraient vivre dans des conditions plus proches du niveau de vie des gens qu’ils prétendent représenter. Magnette a plus de 5.000€ nets de salaire mensuel. Avec un tel salaire, évidemment, il ne peut pas se rendre compte des problèmes causés par l’augmentation de la taxe poubelle ou par le parking payant. Au PTB nous avons fait le choix d'élus qui vivent réellement avec un salaire de travailleur. Parce qu'on veut vivre comme on pense. On ne demande pas aux autres de faire pareil, mais au moins de vivre un tout petit plus en phase avec la réalité des gens.

Enfin on nous dit que nous ne voulons pas monter dans une majorité. C'est faux. Nous sommes même déjà dans une majorité, à Borgerhout. Évidemment que nous sommes prêts à faire des compromis. Des compromis oui, mais pas des compromissions. La question, celle que le PS veut éviter à tout prix, c’est : pour faire quoi ? Nous, nous n’irons pas dans une coalition pour appliquer des politiques de droite. Je le dis ici très clairement : nous n'irons pas dans une majorité qui continue les projets de prestige comme la Marina, les logements de luxe et le nouveau palais des congrès bling-bling.  Nous n'irons pas dans une majorité qui appliquerait ne fut-ce qu'un 1€ d'austérité encore sur le dos des agents communaux ou des services de la Ville . Et enfin, une troisième condition de notre participation, ce sera au niveau de la gouvernance. Oui, il faudra une autre manière de faire de la politique. Il faudra en finir avec les salaires extravagants et les mandats dérivés grassement rémunérés. En finir avec les petits arrangements de Vancau ou de Cyprien Devillers, qui font payer leurs activités par les actionnaires de Rive Gauche.

Nous ne faisons pas partie de ces politiciens traditionnels qui viennent sonner à votre porte uniquement en période électorale pour vous offrir leur carte de visite. Vous nous voyez toute l'année, sur le terrain, aux piquets et dans les quartiers. Au contraire, nous répétons toujours que, comme pour toutes les conquêtes sociales que nous avons acquises dans le passé, il faudra être nombreux, organisés et lutter pour arracher des victoires.  L'enjeu du 14 octobre c'est d'avoir les porte-paroles de ces luttes dans les conseils communaux. Le 14 octobre, dans deux semaines, nous avons une occasion unique depuis des années pour donner un signal clair pour une autre politique. Nous voulons atteindre au moins 10%, soit environ 10.000 voix, ici, à Charleroi. Mais vous le voyez, la campagne est sale. Hier, à Charleroi Nord, lors d'un porte-à-porte, une dame m’a expliqué qu'elle ne comptait plus voter PTB depuis qu'elle avait entendu qu'on allait lui imposer une taxe de 2.000€. C'est la dernière ligne droite, il va falloir se battre pour chaque voix. Il ne faut pas penser que c’est dans la poche. On a donc besoin de vous. Aidez-nous dans les 15 jours qui arrivent en collant une affiche à votre fenêtre, en faisant une contribution financière ou en tentant de convaincre les gens autour de vous.  Chaque petit effort compte.

Mais nous avons aussi besoin de vous après. Devenez membres du PTB. Rejoignez un groupe de base dans votre quartier ou votre entreprise. Contribuez à construire le mouvement qui veut changer cette société.

Aujourd'hui à Charleroi et partout en Belgique, les libéraux et les “socialistes” ont peur de l'émergence d'une alternative radicale à gauche. L’émergence de cette alternative est la seule réponse au pessimisme ambiant. Aidez-nous à ce que cette alternative devienne une réalité, aidez-nous à rendre cet espoir aux gens !


Merci à toutes et tous !